Le triptyque « aux méduses » de Jean-Pierre Formica est une méditation sur la monstruosité du vivant – et quel monstre gélatineux que celui qui aujourd’hui, avec le réchauffement climatique, menace des régions entières de l’océan ! Le peintre nourrit une égale fascination pour les méduses – dont la mythologie grecque situe le pouvoir dans le regard -, mais aussi les poulpes, les pieuvres, ces animaux étranges à tentacules, habitants mous des mers. Mais les méduses, par leur plasticité même, ont pour elles de parler au peintre. Elles jouent comme lui avec la lumière et l’obscur, avec le mouvement et l’immobilité. Ces coupoles aux chromatismes luminescents, cathédrales d’eau laissant dériver au fil des courants leurs dentelles urticantes, ne cessent d’engendrer, ici une ogive, et là, un parasol, ici un cercle violacé inerte, et là-bas un buisson tropical de filaments. Comme des poèmes aux significations flottantes, elles sont l’essence du rien qui devient quelque chose. N’y-a-t-il pas dans cet engendrement perpétuel de la forme née de l’informe, une métaphore du travail de l’artiste ?
Thierry Grillet
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